Commémorations…

Commémorer : rappeler avec solennité le souvenir de quelqu’un, de quelque chose, d’un événement important. Célébration, cérémonie, fête.

Marquer les 20 ans d’existence du CRIBW évoque également d’autres célébrations auxquelles nous avons participé.

En 2014, la Belgique commémorait les 50 ans des accords économiques bilatéraux avec le Maroc et la Turquie. Ces accords ont permis à la Belgique, parmi d’autres pays européens, de maintenir le rythme de leur développement industriel, en faisant venir des travailleurs de ces pays, engagés pour des métiers lourds, pour lesquels les travailleurs belges se faisaient rares.

C’est ainsi que, en Brabant wallon, les usines sidérurgiques Emile Henricot, ont amenés de nombreux travailleurs en provenance du Maroc.

De nombreux événements ont été organisés autour de cet anniversaire et ce, dans tout le pays, événements soutenus, notamment par la Fédération Wallonie-Bruxelles. C’est dans ce cadre, à l’initiative de notre collègue Rachida, que le CRIBW a répondu à un appel à projets pour célébrer ce moment.

Ça a été l’occasion de mener, avec des partenaires culturels et associatifs brabançons, différentes actions de sensibilisation, de réflexion aussi sur les circonstances et les raisons des migrations, sur la manière dont elles peuvent aussi résonner avec d’autres périodes où des Belges devaient migrer pour survivre, sur les apports, les questionnements et les transformations que les migrations entraînent dans une société.

A l’occasion des 40 ans de l’immigration marocaine en Brabant wallon, le CRIBW avait participé à l’édition d’un livre, ‘Du Djebel à la Dyle’, qui racontait l’histoire de certains de ces travailleurs arrivés du Maroc en 1964 pour travailler dans l’usine Emile Henricot à Court-St-Etienne. Il y avait aussi de très belles photos des ouvriers, que Madame Jocelyne Nassogne, bénévole dans une association qui proposait des activités aux travailleurs marocains, avaient prises durant les premières années de leur arrivée.

Photos de Mme Nassogne – Ouvriers usine Henricot

L’idée de mettre en place un projet directement en lien avec le travail réalisé préalablement a vite germé au sein de l’équipe…

Ce qui est intéressant et qui questionne fortement à ce moment-là, c’est ce travail sur la mémoire, qui est l’occasion de voir comment chacun restitue une histoire commune, de là où il est. Ça a été l’occasion de relier les différents points de vue et d’élaborer des façons de les faire voir à tous, de manière créative, sans en faire un objet de curiosité qu’on regarde de loin, en jugeant.

Des moments particulièrement touchant…

Le travail premier, en collaboration avec Génération Espoir et son école de devoirs, avait pour base et support les photographies que le Fonds Jocelyne Nassogne nous a permis d’utiliser. Une partie de ces photos ont été retravaillées lors d’un stage de vacances, avec les petits enfants de ces travailleurs. L’objectif était de réaliser des bâches (voir ci-dessous) qui pourraient être exposées dans différents contextes, mêlant photos, dessins et réflexions des enfants autour de l’histoire de leurs grands-parents. Au préalable, il était important d’identifier les personnes photographiées et de leur demander l’autorisation d’utiliser leur image, ce que nous avons fait de manière collective.

Sawsan, aujourd’hui Coordinatrice pédagogique se souvient : « En expliquant la démarche aux familles, j’ai reçu leur témoignage de certains moments éprouvants de leur vie de travail aux usines Henricot : la découverte des conditions de travail dans une usine sidérurgique, dans une chaleur extrême et le bruit permanent. Mais j’ai également eu échos des moments de solidarité avec les autres travailleurs (belges, italiens…), lors des mouvements syndicaux pour soutenir le refus de l’augmentation de loyer que voulait imposer les usines Henricot, puisque ces travailleurs, encore sans leur famille à ce moment, louaient des chambres dans des bâtiments appartenant à l’entreprise Henricot. »

Apprendre de l’autre…

Une compagnie de théâtre action bruxelloise, La Compagnie des Nouveaux Disparus, célébrait les 50 ans avec leur Caravane de la Diversité, qui a posé ses chapiteaux dans différents endroits de Belgique francophone, dont le Brabant Wallon. Le CRIBW a été sollicité pour rassembler, dans un village associatif installé autour des chapiteaux, les acteurs locaux de l’interculturalité et de l’intégration.

Sawsan ajoute : « C’est là que j’ai appris, auprès de l’association Lire & Ecrire, que c’est la présence de personnes issues des migrations, parfois illettrées dans leur langue, et à fortiori en Français, qui a mis en évidence l’illettrisme existant aussi dans une partie de la population belge et a permis de développer des cours adaptés aux adultes qui souhaitaient ‘rattraper’ ce savoir qu’ils n’avaient pu acquérir. »

Et finalement, se remémorer est important pour regarder le chemin parcouru, pour dire les fiertés et les difficultés traversées, pour confronter, découvrir des points de vue divers sur une ‘même’ réalité, pour en prendre de la graine, au moins un peu, pour le présent et le futur… et pour tout cela, il est intéressant/important de pouvoir le faire à tous les niveaux : des individus, des collectivités, des institutions, des sociétés !

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